Substratum est un solo chorégraphique conçu sur un podium d’un mètre carré, blanc, rigide, muséal. La matière en mouvement devient le symbole d’une nature fragile, mutante, qui ne cesse de se renouveler. Le socle épuré évoque la base d’une sculpture ou la vitrine d’un artefact figé dans le temps. Il impose un cadre strict, une contrainte spatiale et agit aussi comme un révélateur de ce qui s’y déploie. Sur cette surface réduite, un corps s’anime lentement, comme s’il sortait d’un état de stase. Les membres s’enroulent, se déforment, se confondent. Peu à peu, les contours du corps humain se dissolvent. On ne distingue plus de bras, de jambes, de haut ni de bas, mais une matière vivante, en mutation constante, comme si elle reprenait vie après avoir été figée pendant des siècles.

La musique, construite et interprétée en live, se fait dense, abyssale, et évoque les tréfonds d’un monde englouti, post-apocalyptique. Elle accompagne le corps dans sa lutte contre sa propre immobilité. Il devient à la fois roche et algue, une matière vivante qui mute et se meut lentement. Le public est invité à contempler cette matière mouvante, tels des scientifiques, témoins d’une métamorphose étrange ou de la renaissance d’un être oublié. La scène évoque les musées d’histoire naturelle, les vitrines scientifiques, les restes fossiles d’un vivant lointain. Elle met en exergue le rapport à la mémoire, la disparition, la préservation.

Substratum invite à regarder autrement ce qui vit, ce qui se transforme et évolue lentement, à prendre le temps de déceler ces métamorphoses discrètes, presque impalpables. 

Avec le soutien de: La Tannerie d’Avallon, MC93, Compagnie Dernière Minute